Mante religieuse peu catholique

ATTENTION ! Ce texte comporte des mentions de mort et des descriptions de meurtre, de rapports sexuels à la limite du viol et de lutte dans un contexte de domination féminine BDSM. Pour public averti.

Dans lʼentrée du Grand Hôtel Palladium de Monaco, les chaussures boueuses et lʼimperméable dégoulinant dʼeau du Commissaire Banks faisaient tâche. Sur le marbre du carrelage, bien sûr, mais surtout au milieu de toutes ces femmes aux robes soyeuses et aux bijoux discrets mais non moins précieux. Le temps pluvieux de lʼextérieur ne semblait pas avoir dʼemprise sur les habitants de passage de lʼhôtel cinq étoiles, qui arboraient quelle que soit la période de lʼannée les mêmes atours, signes évidents de richesse et dʼélégance.

Près du grand meuble en acajou qui devait être le comptoir de lʼaccueil lʼattendait un homme plutôt grand, vêtu dʼun costume noir, dʼune chemise blanc cassé et qui, dans un état de nervosité avancée, montrait quelques signes dʼimpatience. Il laissa à peine au Commissaire Banks le temps dʼobserver les lieux et se précipita sur lui, tendant une main qui fut immédiatement serrée.

– Monsieur Banks ! Nous vous attendions !

– Appelez-moi Commissaire. Vous êtes le directeur de lʼhôtel, cʼest bien cela ?

– Non Commissaire, je suis le manager principal. Monsieur le Directeur nous rejoindra plus tard. Veuillez-me suivre, je vous prie.

Et dʼune main, lʼhomme en noir invita le Commissaire à se diriger vers les ascenseurs, sur les boutons dʼappel desquels il appuya immédiatement. Une fois dans la petite cabine à la moquette rouge et aux décorations dorées, le manager principal exposa la situation au Commissaire. Un homme, un riche client que lʼhôtel recevait régulièrement au mois de mars, avait été retrouvé sans vie dans sa suite ce matin par le personnel de ménage. Les meubles avaient été légèrement déplacés et les circonstances de cette mort étaient trop étranges pour quʼon puisse conclure à une simple attaque cardiaque.

Ne voulant pas affoler les autres clients et risquer une mauvaise publicité, lorsque les deux hommes sortirent de lʼascenseur et croisèrent une demoiselle à lʼépaisse chevelure aile de corbeau dont le Commissaire ne vit que les tétons saillants sous sa robe verte, le manager fit semblant de le diriger jusquʼà «sa chambre», comme un client quʼon accueillerait pour son premier séjour. Evidemment, une fois sur la scène du crime où les attendait déjà deux policiers et un médecin légiste, la discussion reprit.

Le macchabée se trouvait encore là, et personne encore nʼy avait touché que ce soit par superstition ou simplement pour ne pas risquer dʼabîmer des empreintes. Lʼhomme, ventripotent et dʼun certain âge dégageait même mort une aura imposant la discipline autour de lui. Il se nommait Narcos Héméra et le Commissaire Banks le connaissait pour être à la tête dʼune des plus grandes familles dʼarmateurs grecs –et probablement la plus versée dans le trafic illégal dʼarmement, de substances voire même de blanches, comme le soupçonnaient certains de ses collègues de la division des fraudes, sur le point de le coincer pour une vulgaire affaire de PV non payé.

Désormais il gisait là, immobile, vêtu dʼun seul caleçon informe aux rayures délavées qui lui avait été descendu jusquʼaux pieds. Les meubles avaient été déplacés pour dégager lʼespace et formaient une sorte de cercle autour du cadavre. Le médecin légiste fit remarquer que le visage de lʼhomme était congestionné et couvert de petite tâches rouges, correspondant à des vaisseaux sanguins qui auraient éclaté sous la pression. Les yeux nʼétaient pas révulsés mais vitreux et la langue, qui avait triplé de volume, était visible par la bouche quʼil avait entrouverte. Le sexe désormais flasque avait dû être en érection aux alentours de sa mort car, outre le caleçon descendu qui trahissait des activités licencieuses, on pouvait observer tout autour de la verge et du pubis des traces blanches, probablement de la salive séchée.

– Nous sommes donc à la recherche dʼune femme du type veuve noire, dit le Commissaire. Gardez-vous un registre des entrées et sorties de lʼhôtel ? Avez-vous fait installer des caméras de surveillance ? Je vous saurai gré de nous les confier afin que nous étudions bien tout cela. Par ailleurs, avez-vous connaissance de prostituées et autres travailleuses du sexe dans votre établissement ?

Immédiatement, le manager rougit. Oui, ils avaient un registre, mais qui nʼétait pas connu des clients. Oui, ils avaient aussi des caméras, mais pas dans les chambres. Et non, officiellement aucune prostituée ne sévissait dans lʼhôtel, bien que quelques rumeurs courraient sur certaines clientes régulières. Il proposa au Commissaire dʼaller boire un verre au bar de lʼhôtel aux frais du personnel, en attendant quʼil puisse lui procurer tous les documents demandés ainsi que la liste des noms et des chambres des-dites clientes aux moeurs légères. En échange, le Commissaire promit de rester discret.

 

Dans une ambiance lounge entretenue par un pianiste jazz aux mélodies feutrées, le Commissaire Banks sʼétait installé dans un des larges fauteuils en cuir du bar. Mélancolique, il repensait aux jours heureux de sa lune de miel dans un hôtel semblable. Depuis, sa femme toujours aussi vive sʼétait toutefois épaissie puis peu à peu, sans quʼil sʼen aperçoive, la fougue amoureuse avait été remplacée par le cocon rassurant des habitudes inchangées depuis vingt ans. Et le désir avait disparu. Il patientait ainsi, rêveur, savourant lentement un whisky dʼune vingtaine dʼannées dans un verre épais contre les parois duquel les glaçons émettaient un tintement délicieux.

– Cʼest un pécher vous savez, de mettre des glaçons dans le whisky.

Cʼest à une demoiselle apparue de nulle part, aussi jeune et belle qu’intrigante que le Commissaire devait dʼêtre tiré de ses pensées. Elle pouvait avoir entre quinze et trente ans et lʼobservait avec le petit regard espiègles de ceux qui nʼont pas encore tout à fait quitté le monde tendre de lʼenfance. Elle portait une robe vert dʼeau pailletée et jouant sur la légèreté, qui frôlait la base de son cou pour ensuite plonger jusquʼau milieu de son dos, révélant des omoplates saillantes, une peau lisse et probablement très douce ainsi quʼune absence de… soutien-gorge. Ses cheveux très sombres relevés en un chignon négligé dégageaient un petit cou absolument charmant. Son visage était des plus agréables à regarder, avec des yeux noisette portant un regard chaud, une bouche pulpeuse et des joues roses. Elle tenait dans sa main droite une pochette dorée minuscule et une paire de sandales de la même couleur, tenues par les brides. Le Commissaire ne put sʼempêcher de sourire à la vue de ses pieds nus et oublia la remarque sur les glaçons –il nʼaimait pas le whisky sans glaçons et supportait mal les snobs que ses goûts agaçaient.

– Eh bien demoiselle, que faites-vous donc ici à cette heure ? Il nʼy a que les vieux croutons comme moi pour boire à dix heures du matin.

– Vous avez bien raison, monsieur le vieux crouton. Je vais donc sagement retrouver ma chambre, la nuit a été é-pui-sante !

Clin dʼoeil, demi-tour et la voilà qui sʼen va vers les ascenseurs, haussée sur la pointe de ses jolis pieds, sans un regard vers le Commissaire, qui regrette quʼelle lʼait prit si bien au mot. Mais il nʼeut pas le temps de sʼapitoyer sur son sort longtemps, le manager général arrivant vers lui dʼun pas pressé, tout un tas de dossiers dans les bras. La petite table basse face au Commissaire fut immédiatement envahie. DVD des caméras de sécurité, registre secret des entrées et sorties, informations suites aux enquêtes secrètes menées par le personnel de lʼhôtel sur les clientes scandaleuses… Tout cela et ce sur une période de six mois. Sait-on jamais.

 

Lʼhomme de loi ne releva le nez de ses dossiers quʼune heure et quarante minutes plus tard. Il avait retenu trois noms de femmes. La première avait été prostituée de luxe dans un passé proche et après deux arrestations, avait fini par abandonner le métier. La seconde avait eu quatre maris, tous décédés de façon inattendue, et étant à la tête dʼune fortune digne dʼun Nabab, séjournait au Grand Hôtel Palladium de Monaco quatre mois dans lʼannée. La troisième, enfin, était née dans la misère et venait tous les week-ends dormir dans une suite et ce, sans que jamais quiconque ne puisse savoir comment elle se procurait lʼargent liquide avec lequel elle payait chacun de ses séjours. Il décida de leur rendre une petite visite, préférant agir avec rapidité afin de confondre un probable meurtrier.

La première ayant quitté lʼhôtel le matin même, il demanda la clé de sa chambre et alla y chercher des indices, sans grande conviction. Si elle était la tueuse, elle aurait pris ses dispositions pour ne rien laisser derrière elle et de toutes façons, lʼéquipe de nettoyage des chambres avait dû déjà passer.

Et il avait raison. Sa chambre était aussi brillante et propre quʼune cuisine de publicité pour du dégraissant. Sans y croire vraiment non plus, il alla frapper aux portes adjacentes, au cas où des clients voisins auraient entendu quelque chose de suspect.

La porte de gauche était occupée par une femme dʼun certain âge qui ne parlait quʼun français très approximatif. Non, elle nʼavait rien entendu de particulier et oui, elle avait passé toute la nuit dans sa chambre. La porte de droite, en revanche, offrit plus de surprises. A peine eut-il frappé que ce fut… la jeune fille du bar qui lui ouvrit. Mais cette fois-ci, elle avait quitté sa robe verte dosnus pour une tenue nettement moins conventionnelle ; elle rajusta son peignoir en lui ouvrant, laissant entrevoir certaines courbes juvéniles de sa peau.

– Eh bien, Monsieur ! Je commençais à mʼimpatienter… Entrez donc, jʼarrive tout de suite.

Il entra, ferma la porte derrière lui et observa les jolis pieds menus de son hôte se faufiler dans la salle de bain, dʼoù il entendit lʼeau couler. Lavabo ? Douche ? Baignoire ? Peu importe. Et puis, il fallait passer aux choses sérieuses.

– Jʼai quelques questions à vous poser.

– Oui, je suis célibataire, non, je ne recherche rien de sérieux et oui… je suis très bonne au lit.

Disant cela, la voilà qui reparaît, son peignoir glissant doucement le long de son épaule droite. Elle le regarde de ses yeux de biche, un sourire en coin. De la main gauche, elle défait son chignon négligé et ses boucles noires dégoulinent en cascade sur ses épaules et dans son dos. Elle nʼa plus vraiment lʼair dʼavoir quinze ans, mais plutôt dix de plus et le Commissaire, pris par surprise, se laisse tomber assis sur le lit et nʼarrive plus à la quitter des yeux.

Elle rit, et les sonorités cristallines qui jaillissent de sa délicate gorge se répercutent sur les murs parme de la chambre. Elle sʼapproche de lui, féline, et s’assoit sur ses genoux. Ses cuisses affermies par la jeunesse se sont écartées pour accueillir les hanches du policier monégasque. Elle se moque de son air ébahi, sent le désir qui monte en lui et pour lʼexciter un peu plus, bouge son bassin dʼavant en arrière. Malgré sa petite cinquantaine et son physique quʼil conserve en allant à la salle de musculation deux fois par semaine, le voilà tout essoufflé par cette femme animale, à la fois juvénile et femme fatale.

Il la repousse, elle se relève, lui propose un verre, son sourire en coin toujours collé aux lèvres. En bégayant et tremblant un petit peu, il sort son insigne de la police nationale. Elle se moque de lui. Se verse un verre dʼeau. Y trempe ses lèvres, puis jette le reste au visage du Commissaire.

Le voilà qui sʼénerve, et ça a lʼair de lui plaire. Elle le provoque. Il sʼest relevé, sʼapproche dʼelle, menaçant. Mais elle est plus rapide, lui saisit le poignet et le lui tord. Il est par terre, sʼy est presque jeté pour éviter la douleur, et elle sʼest assise sur son dos. Il se libère, se remet à quatre pattes, elle lui met des coups de talons dans les flans et le traite comme un âne revêche. Lorsquʼil veut se redresser, elle le laisse faire, reste sur son dos et dès quʼil se trouve suffisamment près du lit, le fait tomber dessus et enserre de ses cuisses sa taille. Il a du mal à respirer, elle en profite pour lʼétrangler juste ce quʼil faut au creux de son bras gauche. Dès quʼelle le sent un peu affaibli, elle se dégage de son poids et sʼattèle à lui ôter ceinture, pantalon et lui ouvre sa chemise. Il reprend doucement ses esprits, sʼen apercevant, elle s’assoit sur lui à nouveau et le voilà hypnotisé par la vision de cette poitrine fière, haute, aux tétons pointus. Elle a quitté son peignoir et se trouve là, nue, rieuse, provocante et visiblement excitée, assise sur lʼérection du Commissaire, que seul le fin tissus de son caleçon sauve dʼun viol en bonne et due forme.

– Ben alors, Monsieur le Policier, Militaire ou que sais-je ? On fait plus trop le malin, nʼest-ce pas ?

Elle se lève, le surplombe de toute sa hauteur et place ses pieds des deux côtés de la tête de lʼhomme encore un peu faible. La seule vue quʼil a dʼelle est sa chatte douce et imberbe, quʼelle caresse de ses doigts, un peu plus loin les collines que font ses seins et plus loin encore son regard qui se moque, se moque de lui qui est là, allongé sur son lit, à sa merci.

Elle sʼagenouille, approche son entre-jambe du visage du policier, toujours en la caressant, insère un puis deux de ses doigts dans son intimité, à deux centimètres de la bouche entrouverte de lʼhomme, puis lui fait lécher ses doigts. Il oublie son travail, oublie sa femme, oublie la réalité dont cette chambre dʼhôtel est bien loin et ses mains sʼaventurent vers son entre-jambe à lui, entreprennent dʼôter son caleçon pendant quʼil lèche les doigts de sa geôlière. Mais alors quʼil prend le parti de caresser sa propre entrejambe, il reçoit une claque. Immédiate, sèche mais juste assez forte pour le rappeler à lʼordre.

– Ici, cʼest moi qui décide. Et pour lʼinstant, tu nʼas pas le droit dʼutiliser tes mains. Mon plaisir avant le tien.

Ce disant, elle bloque les bras du Commissaire à lʼaide de ses genoux et dʼune main, agrippe les cheveux de son objet sexuel et force son visage contre son intimité à elle. Lʼordre est donné et immédiatement exécuté. Sa langue sʼaventure et goûte cette femme hybride, femme-nymphette au corps de rêve, visite ses coins les plus reculés, donne dʼelle-même jusquʼà en être courbaturée, motivée par les gémissements de lʼamazone qui lʼétouffe avec sa douce et délicieuses petite chatte.

Tout à coup, elle se retourne, change de position, lui impose cette fois-ci son postérieur musclé, enserre son cou de taureau de ses cuisses et serre… serre… Il a du mal à respirer mais il sʼen fiche. Elle a pris son gland entre ses lèvres, le caresse de sa langue, lʼaccueille au fond de sa gorge puis promène sa bouche le long de la verge, jusquʼà ses testicules, lʼintérieur de ses cuisses… et le griffe. Il voudrait crier, mais les fesses de la brune lui imposent un silence étouffant, un silence dont il est trop faible pour se sortir par la force.

Et soudainement, la voilà à cheval sur son sexe, à faire des vas-et-viens plus ou moins rapides, plus ou moins profonds. Il à peine à croire que cʼest lui qui donne autant de plaisir à cette amazone fièrement indépendante et il a raison : cʼest elle qui se sert de lui, elle qui le monte, elle qui le prend et qui prend son plaisir à la fois. Elle qui approche son visage du sien, qui le nargue de ses lèvres quʼil voudrait tant embrasser, qui lui murmure à lʼoreille quʼil nʼa pas plus de virilité quʼun chien castré et apeuré. Elle qui appuie son avant-bras contre la gorge du Commissaire. Elle qui appuie, appuie et appuie.

Et lui qui jouit et se sent partir, doucement…

Faits Divers : Deux hommes retrouvés décédés au Grand Hôtel Palladium de Monaco, dont un Commissaire de la Police Nationale. La piste suivie est celle d’une femme tuant par le sexe. Une enquête est ouverte.

Petites Annonces : Jeune file brune, éduquée et seule cherche compagnie d’un soir ou deux. Adresse à Monaco, aime voyager. Apprécie les cadeaux. Mensurations sur demande.

Crédit photo : © Adelythe Wilson
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