Pulsions Galactiques

ATTENTION ! Ce texte fait mention de sexisme, et de masturbation.

– Raaah, mais tu mʼemmerdes à la fin !

– Et tu crois que cʼest pas réciproque, connard ? Maintenant ferme ta gueule et réfléchissons. Jʼai pas que ça à faire, moi.

– Ah ouais ? Tu préfèrerais être à la maison pour pouvoir te faire les ongles, hein ? Hinhin…

Immédiatement après lʼavoir prononcée, Joshua regretta cette phrase digne du sexisme des XIX° et XX° siècles encore enseigné dans les universités pour férus dʼarchéologie. Il sʼétait un jour intéressé au sujet et avait été amusé par lʼabsurdité de ces inégalités dignes dʼun primate arriéré. Aujourdʼhui, heureusement, tout cela avait disparu et avec lʼintégration –plus ou moins difficile, certes– des autres espèces vivantes, lʼunivers était devenu si évidemment multiple quʼon avait abandonné la ségrégation des sociétés selon les races et a fortiori selon les sexes.

Mais après ce petit paragraphe que lʼon pourrait qualifier «féministe», par opposition au «patriarcat», deux termes disparus depuis bien longtemps, revenons-en à cette situation conflictuelle que vivent Joshua et Ellyabet. Lʼun et lʼautre sont en binôme pour lʼévènement annuel des JMJ : les Jeux Mémorables pour la Jeunesse. Des équipes de deux sont constituées au hasard et doivent surmonter plusieurs épreuves afin de remporter la Coupe de la Lutte Finale.

Actuellement, les deux jeunes gens sont en plein désert terrestre avec pour seuls vivres deux bouteilles de nutriments en gaz, trois téléports à usage unique pour deux personnes et une puce de signalement pour indiquer leur position une fois lʼépreuve accomplie. Autour dʼeux, tout est recouvert dʼun mélange de sable et de pièces usagées vestiges dʼune époque de surconsommation tous types de secteurs confondus. Cela sur la totalité de la surface solide de la petite planète, depuis longtemps abandonnée pour des colonies plus accueillantes. Et pour cause : de façon totalement aléatoire, suite aux changements climatiques, se lève une brise soulevant avec elle une fine poussière de particules irrespirables capable de tuer nʼimporte quel être vivant au sang chaud en quelques secondes.

Heureusement pour elle, Ellyabet ne fait pas partie de cette dernière catégorie de vivants. Jeune mizaki (espèce dʼextra-terrestre qui ressemble à sʼy méprendre à un terrien, mais en plus grand, plus musclé et vachement plus stylé) à la peau violet clair, elle est âgée dʼune trentaine dʼannées mais en paraît vingt selon les standards humains. Un peu plus grande qu’un homo sapiens sapiens, son corps fin et musclé est entièrement recouvert dʼune peau plus résistante et plus douce que celle des anciens Terriens. Autrement, sa race nʼétant pas bien différente de ces derniers, elle possède les mêmes atours féminins encore hautement désirables : une poitrine ferme et haute aux tétons pointant en permanence, un postérieur tout arrondi, des yeux dʼun violet extraordinairement intense et une crinière sombre qui lui dégringole jusque dans le bas du dos quʼelle a cambré.

Bref, autant dire que tous les jeunes gens du secteur Lactée ont brûlé des cierges pour être envoyés en binôme avec Ellyabet. Tous ? Non. Un seul jeune homme semble imperméable aux charmes de la belle mizaki : Joshua. Le vrai, lʼunique, le seul dernier descendant du légendaire couple terrien formé par lʼEmpereur Luc Ier et sa charmante impératrice Esther lʼImpitoyable, qui paraît-il était aussi belle quʼimpressionnante et figeait ses admirateurs dans un trouble muet dʼun seul regard. Joshua a hérité de ses ancêtres un sale caractère et une obstination certaine, un charme ténébreux dont il nʼest pas conscient et un torse naturellement développé à la pilosité absolument parfaite.

Tout cela tombe bien, parce quʼEllyabet non plus nʼaime pas Joshua. Lʼun la trouve vaine et insupportable, lʼautre le trouve arrogant et urticant, bref, leur binôme nʼétait pas pressenti pour gagner ces JMJ, malgré leur potentiel glamour. Et force est de reconnaître que pour lʼinstant, leur détracteurs nʼont pas tout à fait tort. Les deux partenaires se brouillent constamment et sont parvenus à se perdre en suivant un itinéraire pourtant simple.

Revenons-en au conflit.

– Raaah, mais tu mʼemmerdes à la fin !

– Et tu crois que cʼest pas réciproque, connard ? Maintenant ferme ta gueule et réfléchissons. Jʼai pas que ça à faire, moi.

– Ah ouais ? Tu préfèrerais être à la maison pour pouvoir te faire les ongles, hein ? Hinhin…

Le regard noir est immédiatement lancé. Sʼil pouvait tuer, Joshua aurait été foudroyé sur place. Toutefois, Ellyabet ne dit rien. Elle se remet à avancer, plus rapidement qu’avant, et Joshua la suit courant presque dʼabord puis à son propre rythme ensuite, profitant de la distance et de lʼabsence de conversation pour regarder la plus belle chose qu’il ait sous les yeux (les fesses de la demoiselle) et laisser ses pensées vagabonder.

Il repense à son amoureuse, là-bas, à lʼuniversité, qui nʼa forcément pas vu dʼun bon oeil cette aventure avec la plus désirée des mizaki. Elle a beau avoir une peau douce, et chaude, et éminemment désirable, elle nʼa pas le fessier dʼEllyabet, haut, ferme et musclé. Et encore moins le caractère qui va avec. A vrai dire, Joshua nʼest pas sûr de rester avec sa Marie-Charlotte bien longtemps. Si son côté passif et coulant lui avait dʼabord plu, car il promettait un calme certain dans le petit appartement qu’il habitait, il en fit très vite le tour et regrettait de ne pas avoir plus de discussions mouvementées et dʼaffrontements ponctuels.

Mais malgré sa plastique irréprochable, Ellyabet ne plaisait pas à Joshua. Trop fière. Trop préoccupée par son apparence. Même ici, en pleine épreuve des JMJ, elle avait trouvé le moyen dʼenfiler un ensemble minuscule constitué dʼun short court kaki et dʼune brassière assortie très décolletée, le tout suffisamment fin pour quʼon puisse deviner la totalité des courbes de son corps, sans jamais les cerner tout à fait. Pour protéger ses jambes, elle avait enfilé des bas plutôt épais et des rangers montantes. Par souci dʼefficacité, ses cheveux étaient attachés en une queue de cheval serrée. Rien à voir avec le pantalon cargo noir et le col roulé à manches longues dont Joshua sʼétait vêtu, réduisant au minimum la surface visible de sa peau.

Et puis surtout, Ellyabet ne se laissait pas faire. Elle avait ses opinions, elle avait ses envies et les autres pouvaient bien aller se faire foutre sʼils nʼétaient pas dʼaccord avec elle. Enfin, elle avait ce petit côté intriguant et manipulateur que Joshua soupçonnait sans jamais en être certain.

Malheureusement, malgré tous ces points en défaveur de la belle mizaki, Joshua ne pouvait contenir de foudroyantes érections à chaque fois qu’ils se disputaient. Cela lʼénervait dʼautant plus que ne comprenant pas ce qui pouvait déclencher de tels afflux de sang (les mizakis sont vachement mieux conçus pour ça, leurs érections sont sur demande), il se sentait coupable vis à vis de sa copine à qui il avait juré fidélité. Il fut donc ravi lorsquʼà la tombée de la nuit, ils installèrent silencieusement leur camp, sans sʼengueuler.

Leur bouteille de nutriments en gaz sirotées en silence et Ellyabet partie se promener dix minutes, Joshua sʼaccorda quelques minutes dʼintimité. Il repensait les yeux fermés à cette vidéo qu’il avait vue où une jeune fille innocente tombait dans les griffes dʼun pervers manipulateur dominateur aux ordres duquel elle obéissait avec une complaisance absolument délicieuse. Fellation, pénétration et gémissements se bousculaient dans sa tête pendant que sa main effectuait machinalement les gestes qui soulageaient habituellement ses désirs solitaires.

– Tu veux de l’aide ?

Il sursauta, honteux, et rangea aussi vite que possible son membre dénudé à l’abri du regard perçant et moqueur de son binôme.

– Mais ça va pas ?!

– Ben écoute, visiblement t’as l’air complètement soumis à tes hormones, donc peut-être que si tu pouvais jouir tu serais à nouveau capable de correctement réfléchir ?

– Je vais te dénoncer au jury pour sexisme décomplexé, on va voir qui va rigoler.

– Oh ben oui, parce que toi t’as aucun problème à faire de l’humour, mais si c’est moi qui en fais subitement c’est un scandale. T’es bien un descendant d’hommes… Allez bouge ton cul j’ai retrouvé l’itinéraire, on dégage, je supporte plus de voir ta gueule.

 

Crédit photo : © Daniel Nguyen
Publiés récemment